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Vu, lu et (dés)approuvé | janvier 2014
Une chronique mensuelle de Franck Michel
Motorcity, des voitures et déshumanisation
« Je crois que l’automobile est aujourd’hui l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques, je veux dire une création d’époque, conçue passionnément par des artistes inconnus, consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui s’approprie en elle un objet parfaitement magique. »
Roland Barthes, Mythologies, 1957
Detroit, « America's motor city », n'en finit plus de sombrer. La ville en faillite du Michigan est aux enchères. Les toiles et pièces de son prestigieux musée sont ainsi mises en vente, les emplois inexistants et les immeubles abandonnés, tandis que les habitants s'interrogent sur les perspectives d'un avenir de plus en plus incertain. Le nouveau maire, Mike Duggan, en place depuis le nouvel an 2014, opte pour un renouveau même si personne ou presque n'y croit. Il est le premier maire blanc depuis plus de 40 ans dans une cité ouvrière de 700 000 habitants, noire à 84%. Quant au culte de la bagnole, l'or a déteint. Detroit ne renie certes pas son passé mais son âge d'or est bel et bien derrière elle. Attention, ne mélangeons pas tout : si Motorcity connaît une crise durable voire définitive, l'automobile relève toujours la tête, partout dans le monde sauf peut-être en Europe. Ainsi, le 13 janvier 2014, l'ouverture du Salon de l'automobile de Detroit pavoise sur la hausse des ventes en dépit d'une global crisis qui ne l'est pas pour tout le monde. Dans Le Monde daté du même jour, on apprend que la vedette du salon revient aux 4x4 mastodontes et aux « muscle cars ».
Plaque et chrome, la bagnole américaine et son mythe à la vie dure, ici en Alaska
A l'ouest, rien de nouveau ? Non, on savait malheureusement qu'à l'ère du dieu Progrès et de la déesse Croissance, ce n'était plus la femme l'avenir de l'homme mais la bagnole. Cette vulgaire caisse où la carcasse fait office de corps autant que de décor. La distinction par le biais du matos et la figure du mal opèrent toujours dans les esprits simplistes ou domestiqués, souvenez-vous de cette publicité écœurante comme tant d'autres qui disait : « il a eu la voiture, il aura la femme ». Processus aberrant mais mécanique bien huilée d'un marketing de caniveau qui « roule » sur l'or plus qu'on ne le croit, et ce n'est pas la faute à la crise !
A l'est, rien de nouveau ? Non plus, sauf qu'on commémore tous azimuts, l'illusoire « Der des Der », cette boucherie mondiale qui fut aussi mécanique. En effet, rien de plus efficace, et donc de mieux dans un univers motivé par la rentabilité, qu'une « bonne » guerre pour essayer puis valider des prototypes en grandeur nature et en terrain réel ! Entre deux tranchées, de nouveaux tanks tout clinquants peuvent sortir de terre et des usines, et dans leur sillage d'autres véhicules en tout genre, à commencer par les automobiles « modernes », promises à un bel avenir en ce début de XXe siècle qui pourtant sonne le glas de la Belle Epoque. Plus fort que Taylor, qui pourtant est riche, Ford est déjà en passe de créer le fordisme. Une véritable révolution qui n'a rien de prolétarienne au demeurant. Les Québécois, plus que d'autres – en particulier leurs voisins sudistes – semblent avoir compris cette intime relation, qui doit relever de la mécanique des fluides, entre le char d'assaut et l'automobile d'agrément : n'appellent-ils pas les voitures des « chars ». Pas étonnant qu'un grand homme, de taille comme de guerre, et en passant adepte officiel de la Citroën DS au point d'éviter tout attentat routier (la Déesse a dû veiller sur lui), n'exprime à l'égard des Québécois un flambant « Je vous ai compris ». Je le comprends. Il est vrai aussi que de la guerre mondiale à la civilisation des loisirs il n'y a parfois qu'un pas, vite franchi, la seconde découlant souvent de la première... Ce qui vaut finalement pour l'essor du tourisme vaut également pour l'évolution des guerres.
Entre nostalgie du passé et belle ferraille dépassée, l'esthétique de l'automobile d'antan
Et Motorcity dans tout cela ? L'ouest et l'est vont s'y retrouver. Ici, au cœur du Michigan, ce n'est pas la guerre mais la faillite qui sera mise en patrimoine. Quant au tourisme, il représente pour certains malins qui n'ont pas de couteau entre les dents ou certains capitalistes qui eux ont des dents bien longues jusqu'à rayer le parquet du salon de l'automobile, une bouée de sauvetage. Une fuite en avant également.
De la cité de la bagnole à un nouveau touristland ?
Un article signé d’Alana Samuels, paru le 25 décembre 2013 dans le Los Angeles Times (repris par Courrier International, 9-15 janvier 2014), raconte cet engouement actuel pour le tourisme de ruines. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : un « tourisme de ruines ». Une visite guidée propose ce type de « services ». On peut donc voir et photographier des usines désaffectées, des églises et des écoles abandonnées, une gare fermée, un gratte-ciel délabré. On traîne à l'intérieur d'un ancien immeuble de luxe « pour voir une salle de bal oubliée où les Who avaient donné leur premier concert aux Etats-Unis ». Souvenirs, souvenirs.
Devant ce décor urbain dévasté, un touriste prénommé Oliver a pris 2000 photos le premier jour de visite ! Etonné par ce qu'il voit, des prostituées sur le trottoir à 8h du matin, des déchets et des graffitis partout, son impression rejoint celle de tout autre quidam du voyage et de passage dans le coin : « Aucune ville américaine n'a connu un déclin de cette ampleur. C'est vraiment le genre de choses qu'on ne voit qu'une fois dans sa vie ». Oliver compare ensuite le vieux et le nouveau continents dans leur rapport différent au passé : « A Detroit, on peut comprendre, on peut vraiment sentir l'histoire d'une ville. En Europe, quand les bâtiments sont délabrés, on les démolit ». Certes. Sauf qu'en Europe on ne démolit que pour rebâtir et on préserve ce qui en vaut la peine; à Detroit, on abandonne sans sauvegarder et même sans reconstruire. A chacun sa vision de l'histoire !
A Detroit, 78 000 bâtiments de tout ordre sont considérés comme « vides », et la démolition d'un seul immeuble coûte 8000 dollars à la municipalité. Impossible dans ces conditions de nettoyer les lieux pour faire place nette à du neuf, éventuellement. Difficile aussi pour les locaux de panser le présent et de penser le futur. Dans la ville fantôme, Alana Samuels décrypte le succès actuel de cet urbanisme délabré auprès des photographes, qu'ils soient amateurs ou professionnels, curieux, touristes ou journalistes. Déclarée en faillite en juillet 2013, Detroit attire une nouvelle clientèle de touristes-voyeurs : « Les hôtels disent connaître un afflux de visiteurs intéressés par les ruines ». Le tourisme relèverait-il de l'archéologie ? Sans doute.
L'esthétique de la casse automobile
Un guide local, Jesse Welter, propose depuis la fin de l'année 2011 des circuits organisés, mais son business ne décolle véritablement qu'en 2013. Il a récemment acheté un minibus de douze places pour répondre à la demande touristique. Ancien mécanicien, il s'est reconverti à la photographie et maintenant au travail de guide touristique. Il a perçu l'intérêt des étrangers pour la photographie des ruines urbaines et industrielles, et vend lui-même des photographies des immeubles abandonnés sur un marché d'artistes. Il rapporte que son emploi de guide est aussi doublé d'une protection pour la sécurité des touristes.
La sécurité sur les sites est devenue essentielle : « Deux touristes se sont fait voler leur voiture alors qu'ils visitaient une usine abandonnée en octobre; d'autres se sont faits agresser sur ce site », écrit Alana Samuels. Les clients versent 45 dollars à Jesse Welter pour trois heures de visite. Le guide connaît parfaitement les lieux emblématiques et n’exclut sans doute pas une certaine mise en scène pour les rendre encore plus authentiques et « vivants ». Comme pour cette visite d'un studio d'enregistrement où « le matériel est encore là, comme si les occupants étaient juste sortis déjeuner ». Ce tourisme de la dérive aime les morts-vivants… ou plutôt les morts encore vivants, comme nous le verrons plus loin. Jesse Welter s'adapte aussi aux demandes parfois étranges des clients, par exemple en aidant un jeune couple à se marier dans une église abandonnée.
Tôle et bitume, l'esthétique de la route déserte et délabrée sur les routes américaines
Toutefois, ce business qui voisine avec le dark tourism, et que j'ai pu définir et appeler le « voyageurisme » (dans Voyages pluriels, 2011), connaît heureusement aussi ses limites : les habitants voient ces photographes et touristes d'un mauvais œil. Jesse Welter sait qu'en pénétrant dans l'enceinte d'une école abandonnée il risque 225 dollars d'amende... mais la police, dont les moyens manquent cruellement, le laisse faire. Les gens du coin, eux, commencent à en avoir marre, ils critiquent ouvertement ces contemplateurs de la décomposition du tissu urbain, et nomment ce phénomène « porno des ruines ». C'est pourquoi, Welter débute le plus souvent « ses visites à 7h du matin, le meilleur moment pour éviter les êtres humains ». Eviter l'humanité, vaste programme ! Le tourisme, pour exister et prospérer, n'a plus guère besoin de rencontres avec des êtres humains, les sites suffisent.
Les habitants souhaiteraient qu'un jour prochain des visiteurs viennent séjourner sur place pour constater les avancées positives comme ces champs abandonnés et aujourd'hui transformés en jardins urbains. Certains s'insurgent avec raison contre ce succès malsain basé sur le voyeurisme de la misère urbaine. A l'instar de Jean Vortkamp, militant politique du cru, qui enrage en s'écriant que « le délabrement ce n'est pas cool, ce n'est pas artistico-branchouille ». Voilà qui est bien dit. Mais la fronde ne s'arrête pas là. Des autochtones déterminés en veulent de plus en plus à Jesse Welter, comme l'atteste cette inscription sur le mur d'une église : « Rentre chez toi, Jesse... On te hait, toi et tes visites guidées ». Le fond de l'air de Detroit serait-il rouge ? Voilà ce qui advient lorsqu'on fait son beurre sur le dos des êtres humains. Ces fameux « êtres humains », dérangeants mais bien vivants, que notre cher Welter cherchait sitôt le matin à éviter la présence « sur site » !
Detroit détruite ?
A première vue plutôt destroy, il est vrai, Detroit n’est cependant pas Pompéi, elle n’est pas détruite mais désertée, elle n’est pas dévastée mais désespérée. Comme le souligne John Nichols, dans les colonnes du Monde diplomatique d’octobre 2013, « la banqueroute de Detroit est l’aboutissement d’un long processus de désindustrialisation qui a vu l’ancienne ‘Motor City’ se transformer en ghost city (‘ville-fantôme’), vidée de ses habitants et de ses activités. De 1995 à 2000, la municipalité a perdu 52 % de ses emplois manufacturiers. Au milieu du siècle dernier, les établissements industriels de la ville faisaient travailler un habitant sur dix, aujourd’hui, ils en emploient un sur cinquante. Sur la dizaine de grandes usines automobiles qui prospéraient à Detroit autrefois, une seule est encore en activité aujourd’hui ». Aujourd’hui, la cité ressasse son passé sans s’imaginer de futur viable. Daniela Pinheiro, dans un reportage détaillé paru en mai 2014 dans l’excellent mensuel culturel brésilien Piaui, rappelle l’histoire de Motorcity, sa grandeur et son déclin. La journaliste décrypte le fléau de la ségrégation qui ne cesse de couper les habitants et les quartiers entre eux : « Une élite blanche, une majorité noire et une ville en faillite » résume-t-elle.
Déclarée en faillite le 18 juillet 2013, une faillite provoquée – rappelons-le – par une baisse de la population, passée de 1,85 millions en 1950 à 710 000 en 2010, plus assez donc pour conserver les infrastructures existantes et pour payer les retraites jadis gagnées lorsque les temps furent meilleurs… Ford, General Motors et Chrysler ont bien tenté de lancer un plan de sauvetage en 2009, mais il n’aura pas suffi à redresser la ville du Michigan, cet ancien fleuron et fierté nationale de l’industrie automobile. Depuis les années 1960, plus d’un million de personnes, autrement dit plus de la moitié de sa population !, ont quitté Detroit, et la fuite en avant s’est accélérée ces dernières années avec un chômage deux à trois fois supérieur à la moyenne nationale. Enfin, la crise économique de 2008 a fini de plonger dans le rouge les finances municipales, et notamment contribué à la terrible course à l’austérité.
Aux yeux de John Nichols, le défi désormais le plus urgent pour sauver Detroit « consiste à trouver les fonds qui manquent pour régler les prochaines échéances de sa dette. En ce sens, elle se trouve dans la même situation que Wall Street en 2008, quand les grandes institutions financières américaines se sont effondrées. A ceci près que cela avait alors déclenché une réaction immédiate du Congrès, sous forme d’un plan de sauvetage de 787 milliards de dollars et de promesses d’aides supplémentaires en faveur des banques jugées ‘trop grosses pour faire faillite’. Manifestement, le sort des villes américaines intéresse moins Washington ». Nul doute que, dans cette sombre affaire, le tourisme ne pourra que « panser » la plaie sans véritablement sauver la situation.
David Uberti, dans The Guardian du 3 avril 2014, évoque pour sa part l’histoire de cette urbaniste, Khalil Ligon, qui vit dans la partie est de Detroit et qui dans le cadre de son travail s’est fortement engagée à faire revivre la ville. Pour elle la fatalité n’est pas de ce monde alors, avec d’autres exceptions locales, elle refuse de baisser les bras. Mais quand elle s’est refaite cambrioler en bonne et due forme, les policiers qui n’arrivèrent que le lendemain n’ont eu comme seuls mots à la bouche : « Mais pourquoi êtes-vous encore à Detroit ? » Pas facile dans ces conditions de garder la foi dans la reconstruction urbaine, de croire en « sa » ville, et de ne pas mettre les voiles…
Du Montana au Nebraska, la déprime psychologique sur fond de crise économique dépasse évidemment les frontières du seul Michigan, et ce sont les States dans leur ensemble qui se retrouvent en mauvais état et plus désunis que jamais. Avec le film Nebraska (2014), Alexander Payne dépeint une Amérique qui perd ou plutôt qui a tout perdu, surtout depuis cette année maudite de 2008. La foi, la confiance, l’espoir. A l’écran, l’itinéraire d’un vieillard accompagné d’un de ses fils se perd précisément dans les méandres d’une société bâtie sur l’esprit tordu de compétition et sur le besoin avide de consommation.
La soif de liberté autrefois traduite Sur la route de Kerouac a laissé place aux bas-côtés d’une route qui ne semble plus mener nulle part. Une déroute dans le pire des sens. Le 7e art en rend compte ici avec brio et mélancolie. Cette déroute passe sans doute encore davantage par les régions qui autrefois ont fait la gloire de l’industrie automobile. Michael Moore avait joliment porté à l’écran le naufrage de sa ville de Flint, prochainement un cinéaste inspiré trouvera le bon chemin pour mettre en scène ce que fut Detroit. Cette route de la désolation, sur la même voie que Paris-Texas d’un Wim Wenders qui résonne au son de la guitare de Ry Cooder, peut encore être mise en musique par le superbe album Nebraska, de Bruce Springsteen, chantre de la classe ouvrière qui mieux que personne chante depuis quatre décennies le blues de l’Amérique des démunis et des petites gens. Mais le Boss, tout comme tant de Nord-Américains anonymes, n’a jamais cessé de croire en l’avenir de cet éternel « land of hope and dreams ».
L’espoir et le rêve se font désirer à Detroit. En attendant ce chant du cygne, et cette fin tellement annoncée, certains irréductibles, amoureux de la cité ou habitants téméraires, ne se résignent pas et imaginent d’ultimes scénarios. En janvier 2014, le maire nouvellement élu, Mike Duggan, a demandé aux résidents de patienter six mois avant de partir éventuellement ailleurs. L’espoir n’est plus vraiment de mise. Par exemple, lorsque Khalil Ligon quitte son domicile pour un moment, elle a peur qu’il soit rapidement investi par des squatteurs, et notamment des trafiquants de drogue ou des pyromanes. C’est aussi le résultat de pans entiers de la cité transformés en autant de terrain vagues totalement délaissés par les pouvoirs publics.
Un exemple entre mille, cité par David Uberti, l’école primaire Macomb. Fermée en 2009, elle a depuis été pillée, et on trouve une pancarte avec inscrit en lettres capitales « à louer ». Cynisme et capitalisme, deux maux qui vont si bien ensemble. Il est d’autant plus remarquable de voir des habitants, résistant obstinés, s’accrocher à leur ville, à l’instar de Khalil Ligon. Elle pourrait facilement s’installer ailleurs, mais, dit-elle, « je sens que j'ai quelque chose à faire ici. Et je veux le faire ». Ligon n’est pas l’icône d’une ville en détresse, seulement l’une des voix qui entendent résister, tenir, bref rester sur place. Une belle détermination qui, multipliée, pourrait bien porter de beaux fruits. Et tous ne finiront pas forcément dans le panier du tourisme, qu’il soit d’ailleurs de nature sombre ou massif, industriel ou culturel.
Detroit se trouve donc, en quelque sorte, à la croisée des routes, surtout celle qui mène ou non au tourisme à tout prix, avec ses sites certes en ruines mais peuplés d'êtres humains en chair et en os, et désireux comme tout le monde de lendemains plus enchanteurs. La nouvelle municipalité aux affaires devra donc, soit capitaliser sur le tourisme en le rendant rentable même au prix fort pour les habitants, soit tabler sur d'autres alternatives – incluant, pourquoi pas, une petite niche de tourisme culturel et précisément alternatif mais incluant et concertant dans sa gestion la population locale – telles la culture ou l'économie sur fond de véritable développement durable.
Sinon, comme le dit en conclusion Alana Samuels dans son article du Los Angeles Times, Detroit peut toujours avancer sur les traces de Gary, cette ville de l'Indiana également truffée de ruines, qui « exploite les hordes de photographes qui déferlent sur les bâtiments abandonnées : le permis de photographier coûte 50 dollars ». La voie est libre, l'autre voie indispensable. Pour déjouer ce triste sort qui a fait écrire à Pierre Daninos ces mots sur ce mal social qui gangrène notre quotidien depuis plus d’un siècle : « Les hommes mettent dans leur voiture autant d'amour-propre que d'essence ». Dommage.
(Chronique réactualisée à l'automne 2014)