Site du mouvement pour l'autonomadie
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Rencontre #3 avec Velibor Čolić
proposée par la librairie La Parenthèse
en partenariat avec "La croisée des routes"
Dimanche 21 septembre 2014 à 17h
au Lieu d'Europe à Strasbourg
Entrée libre — dans la limite des places disponibles
Dans le cadre des Bibliohèques idéales 2014
proposées par la Ville de Strasbourg
Photo : C. Hélie / Gallimard
Et si les Tsiganes
étaient le seul vrai peuple européen ?
Rencontre avec Velibor Čolić
à l'occasion de la parution de son roman
"Ederlezi" aux éditions Gallimard
Dimanche 21 septembre 2014 à 17h
au Lieu d'Europe
Villa Kaysersgueth | 1, allée Kastner
à Strasbourg
accès tram : Roberstau Boecklin (puis 1 mn à pied)
Une rencontre organisée par la librairie La Parenthèse
en partenariat avec "La croisée des routes"
dans le cadre des Bibliothèques idéales 2014
proposées par la Ville de Strasbourg
Cette rencontre sera accompagnée
d'un concert de musique tsigane et manouche
avec le Francko Mehrstein Trio
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un extrait du roman
Ederlezi - comédie pessimiste retrace l’histoire, à travers le XXe siècle, d’un fameux orchestre tzigane composé de musiciens virtuoses, buveurs, conteurs invétérés, séducteurs et bagarreurs incorrigibles.
Ils colportent leurs blagues paillardes, leurs aphorismes douteux et leurs chansons lacrymogènes de village en village.
L’orchestre sombrera dans les grands remous de l’histoire : englouti en 1943 dans un des camps d’extermination où périrent des milliers d’autres Tziganes, il renaîtra pour être de nouveau broyé par la guerre d’ex-Yougoslavie en 1993.
Chaque fois, le meneur de l’orchestre, Azlan, semble se réincarner.
On le retrouve finalement dans la «Jungle» de Calais en 2009, parmi les sans-papiers et les traîne-misère qui cherchent un destin aux franges de la modernité.
Le roman de Velibor Čolić restitue merveilleusement la folie de la musique tzigane, nourrie de mélopées yiddish, de sevdah bosniaque, de fanfares serbes ou autrichiennes, une musique et une écriture pleines d’insolence, au charme sinueux et imprévisible. Les réincarnations successives d’Azlan font vivre avec bonheur la figure du Rom errant éternellement, porté par un vent de musique et d’alcool, chargé des douleurs et des joies d’un peuple comparable à nul autre.
Velibor Čolić est né en 1964 en Bosnie. Réfugié en France en 1992, il vit aujourd’hui en Bretagne. Aux éditions Gallimard, il a déjà publié en 2012 « Sarajevo omnibus ». En 2014, il est lauréat du Prix du Rayonnement de la langue et de la littérature françaises, pour l’ensemble de son œuvre.
"… toute ma vie j’ai voyagé. L’Europe de l’est à l’ouest, New Delhi et Paris, Berlin coupé en deux éléments et les moroses fêtes des petites villes de province. J’ai prescrit une ordonnance pour soigner l’âme et j’ai inventé le son du silence à l’heure du Diable.
Toute ma foutue vie j’ai porté un chapeau, les costumes à la mode et les chemises blanches, toute ma vie j’ai porté des moustaches, pour qu’on appelle le moustachu et pas le Tzigane. J’étais Tchorelo le pauvre et Bahtalo le bien heureux. À la fin je suis mort comme un enfant. J’étais le dernier Baïramovitch, nobles et déshérités, nu comme un ver sur cette terre. J’étais celui qui portait aussi les trois surnoms, celui qui ne deviendra jamais le père parce qu’il est le fils. J’étais en clown triste et un oiseau sans plumes qui regardait, sans la voir, cette terre qui sombre. Tant de fois j’étais le Tzigane par ici que ça devient presque impoli.
Tant de fois j’étais un valet ivre, voleur de poule et mangeur de feu que j’oubliais que j’étais un homme. Tant de fois on m’a craché à la figure que je n’avais plus besoin d’aller me baigner dans le Gange. J’étais l’autre pour tout le monde y compris pour mon peuple. J’étais trop blond pour un Tzigane et trop basané pour être un gadjo…"
— extrait du roman "Ederlezi" de Velibor Čolić,
éditions Gallimard.